Confessions scéniques : dispositif, théâtralité et réinvention du réel

Crédit photo : Lucas Prudhomme-Rheault / @lpr_photographe

CEAD – 19 décembre 2024 à 17h
En présentiel au 5445 Avenue de Gaspé, Montréal
En ligne via ThéâtreAgora.ca

À première vue, et si nous observons les programmations théâtrales de ces dernières années, l’esthétique du témoignage semble récurrente dans les productions scéniques, qu’elle soit représentée par des récits biographiques, autobiographiques ou des démarches documentaires. Dans ces trois cas, les démarches de créations se rapprochent des acceptions générales du verbe témoigner qui impliquent que « quelqu’un atteste de quelque chose devant une communauté. » (Rykner, 2011, p. 166) Pour Jacques Delcuvellerie, fondateur du collectif Groupov, le témoignage « semble opérer une rupture dans l’ordre de la représentation, [puisqu’] une réalité exogène à celle-ci s’y trouve insérée. » (2011, p.57)

Ainsi, qu’il soit pensé comme une tribune pour l’artiste ou comme une manière de provoquer un dialogue avec le public, le théâtre-témoignage se multiplie et les processus de création naissent de plus en plus d’univers intimes et parfois inaccessibles. Arnaud Rykner propose de penser le témoignage non pas comme un signifiant de notre époque, mais plutôt comme un «“dispositif pour le théâtre”, c’est-à-dire un dispositif profondément, intrinsèquement, nécessairement théâtral. » (2011, p. 165) Envisager le témoignage comme un dispositif permet non seulement de dépasser les notions d’individualité et d’intimité qui y sont rattachées, mais d’interroger sa structure pour repenser la représentation. En effet, toujours selon Rykner (2008), le dispositif reposerait sur trois aspects : l’organisation de l’espace, l’interaction provoquée entre le public et le spectacle, et le discours.

Dès lors, le dispositif du témoignage est-il une forme dramatique, ou une forme qui précède la dramaturgie? Qu’est-ce qui fait témoignage dès l’instant où le théâtre se présente toujours, du moins principalement, comme une personne qui témoigne d’une parole devant autrui? Le théâtre-témoignage peut-il se penser autrement que par le prisme de l’individualité et du rapport entre la théâtralité et le réel? 

En collaboration avec le CEAD, les chercheur·euses de l’Axe théorie et critique de la Société québécoise d’études théâtrales (SQET) vous invitent le 19 décembre prochain à un 5 à 7 rassemblant les auteur.rices Anne-Marie Olivier et Dany Boudreault pour discuter de l’influence du témoignage dans leurs démarches d’écriture. La conférence-discussion sera ouverte au public en présentiel dans les locaux du CEAD et en ligne via ThéâtreAgora.ca 

Mots-clés: Vérité, réel, dispositif, témoin, témoignage, révéler, effets de réel, attestations de présence

RÉFÉRENCES

DELCUVELLERIE, Jacques (2011), « De l’usage du témoignage en scène, entretien avec Fabien Darel », Études théâtrales, no.51-52, p. 56-64.

RYKNER, Jacques (2008), « Du dispositif et de son usage au théâtre », Tangence, no. 88, p. 91-103.  RYKNER, Jacques (2011), «Théâtre-témoignage/théâtre-testament», Études théâtrales, no. 51-52, p. 165-171.


Les invité.e.s

Crédit photo : Stéphane Bourgeois

Connue à la fois comme interprète, et autrice, Anne-Marie Olivier demeure une figure importante du théâtre au Québec. Anne-Marie Olivier a assuré la codirection générale et la direction artistique du Théâtre du Trident pendant 9 ans. Elle est la directrice artistique de la compagnie Bienvenue aux dames! et compte une douzaine de publications, ainsi que plusieurs prix et distinctions. Elle fait partie du corps professoral du Conservatoire d’Art dramatique de Québec. 

En 2004, sa pièce solo Gros et détail, lui attire un succès tant critique que populaire. Ce premier cru lui vaut le prix d’interprétation Paul Hébert aux Prix d’excellence des arts et de la culture de Québec et le Masque du public Loto-Québec 2005. Elle poursuit son travail de comédienne pour Wajdi Mouawad dans Forêts, Les Trois sœurs et Temps en France, en Russie et au Brésil.  

Forte de ses expériences comme comédienne, elle crée les pièces Mon corps deviendra froid, Annette, Scalpé, Faire l’amour et Venir au monde. Ce dernier texte fut récompensé, en 2018, par le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Théâtre pour le meilleur texte francophone au pays. Dernièrement, elle a créé le spectacle Maurice, qu’elle tourne au Québec et au Canada dans la prochaine année. Elle travaille actuellement à une nouvelle création qui verra le jour en avril au Théâtre du Trident. Le fil rouge de sa pratique demeure la cueillette d’histoires vraies et le sens que l’on donne à nos vies.




Crédit photo : Julie Artacho

Dany Boudreault termine sa formation à l’École nationale de théâtre en 2008. Comme acteur, il a notamment foulé les planches avec Châteaux du ciel, Le songe d’une nuit d’été, ou encore Parce que la nuit, dont il cosigne l’adaptation avec Brigitte Haentjens. Il explore autant la nouvelle dramaturgie que le répertoire, de Shakespeare à Molière, en passant par Tennessee Williams. Au Prospero, on a pu le voir dans Les enivrés, de Viripaev, dans une mise en scène de Florent Siaud, et il y interprète cette saison-ci le nouveau texte de Pascal Brullemans, Homicide, dans une mise en scène de Nini Bélanger. Au cinéma, il s’associe à plusieurs distributions dont Nuit blonde, 23 décembre, Confessions, Boris sans Béatrice et Vic et Flo ont vu un ours. À titre d’auteur, Dany a publié plusieurs recueils de poésie et pièces de théâtre, dont sa plus récente, Corps célestes, aux éditions du Quartanier. Il enseigne aux interprètes en formation à l’École nationale de théâtre. Depuis 2012, il co-dirige la compagnie La Messe Basse.