Appel à participation

Quels théâtres de l’en-commun? Apprendre, accompagner et être ensemble (Which Theatres of the In-Common? Learning, Supporting, and Being Together)

Université du Québec à Chicoutimi

5 au 7 juin 2025

*English below* 

Depuis plusieurs années maintenant, Chiel Kattenbelt (2010) a démontré que le théâtre est un média qui en accueille d’autres, qui les incorpore sans les transformer et sans abandonner la spécificité de ce qui le constitue. Hypermédia, il est aussi le résultat d’expériences et de gestes qui prennent le risque du partage où la mise en commun renvoie, tel que le défend Florence Naugrette s’appuyant sur Jacques Rancière, à l’art de se projeter dans la sensibilité de l’autre différent de soi (Naugrette, 2021).

Seulement ce mouvement vers un commun qui embrasse les différences incite aussi à un engagement continu à apprendre, à accompagner et à être ensemble dans une complexité composée de diverses subjectivités. Ce dialogue attentif entre les composantes de ce commun appelle un espace de coécoute et de coexistence que l’historien Achille Mbembé, dans sa quête d’une diplomatie du vivant, nomme un « en-commun », soit « un Tout composé de mille parts. De tout le monde. De tous les mondes » (Mbembé, 2023, p.12).

Bien que le colloque s’adresse à toute personne intéressée à la problématique envisagée, la Société québécoise d’études théâtrales souhaite d’abord rassembler ses membres, habituellement engagé·e·s dans des activités autour d’axes distinctifs (Théâtre québécois d’hier et d’aujourd’hui, Théorie et critique, Théâtre et formation et Recherche-création) autour de l’idée de se rejoindre, de créer du commun, source de l’émergence d’un sujet collectif, d’un « nous » (Astruc et Baudet, 2021) qui convie une diversité de présences, de terrains, de territoires et de méthodologies. Ainsi, dans la lignée de nos rencontres précédentes, qui ont exploré les rapprochements et les liens d’interdépendance inhérents aux arts vivants, nous proposons cette année de nous intéresser aux approches théâtrales, pratiques ou théoriques, inclusives et pluridimensionnelles qui ont le souci d’ouvrir un possible à cet « en-commun », de construire un lieu de formation, de recherche et de recherche-création pour les « communs » (idem). Ensemble, nous interrogerons les traces, les pratiques et les représentations passées, actuelles et futures qui nous éclairent sur l’engagement que l’en-commun implique. Collectivement, nous approfondirons nos manières d’apprendre, d’accompagner et d’être ensemble en portant une attention particulière aux approches transversales, plurielles, inclusives et intersectorielles.

Des séances pourraient, sans s’y limiter, s’ancrer sur des dynamiques interrégionales, interculturelles, intermédiales pour aborder des thématiques telles que les dramaturgies d’hier et d’aujourd’hui, l’accompagnement d’écriture au regard de différents types de dramaturgies, la diversité des écritures de plateau, la formation contemporaine de l’artiste scénique et l’hybridité des parcours, la création autochtone, le théâtre documentaire, d’objets, de jeunesse, les expériences d’apprentissage de la recherche-création, les modes de fonctionnement horizontal de certaines compagnies de théâtre, pour ne nommer que ces possibilités. Nous espérons, en cohérence avec cette thématique, susciter des perspectives de recherche croisées, coopératives et transversales entre les axes. En ce sens, nous encourageons des formes de présentation qui ouvrent sur un savoir à être ensemble sur un territoire partagé, dans l’en-commun, offrant un espace de débat décloisonné à nos perceptions et compréhensions de champs théâtraux dont le partage, la déhiérarchisation des présences et la convivialité dictent des manières de faire (Morin, 2024). Les contributions pourront ainsi prendre une variété de formes, combinant idéalement plusieurs axes au sein d’une même proposition, par exemple en fonction d’une communication ou d’une performance réunissant au moins deux personnes habituellement engagées dans des axes différents, d’une table ronde, d’un atelier, d’une démonstration, d’une séance d’expérimentation, d’une conférence-projection, d’une communication individuelle, etc.

C’est au pavillon des arts de l’Université du Québec à Chicoutimi que se tiendra le prochain colloque de la SQET. Ce lieu donne un élan singulier à ce partage en ce que ses programmes en arts vivants revendiquent une interdisciplinarité depuis de nombreuses années tout en s’arrimant à un milieu professionnel particulièrement engagé et créatif que nous solliciterons.

Nous invitons les personnes intéressées à soumettre une proposition de contribution à info.sqet@gmail.com au plus tard le 31 janvier 2025

Chaque proposition devra comprendre :

·  Identification d’un des trois aspects concernés (dramaturgie, recherche-création, intersectorialité);

·  Format de la proposition;

·  Titre;

·  Descriptif (maximum 250 mots);

·  Besoins particuliers (s’il y a lieu);

·  Informations d’identification et notice biographique (maximum 150 mots).

Les activités en anglais (pouvant prendre diverses formes) sont les bienvenues, à condition qu’elles soient accompagnées d’un résumé bilingue (français/anglais). Nous privilégions les propositions pour des présentations et activités en personne, tout en ouvrant la possibilité que certaines contributions se déroulent en ligne.

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For several years now, Chiel Kattenbelt (2010) has shown that theatre is a medium that welcomes other media, incorporating them without transforming them and without abandoning the specificity of what constitutes it. As a hypermedium, theatre is also the result of experiences and gestures that take the risk of sharing, where the act of bringing things into common, as argued by Florence Naugrette drawing on Jacques Rancière, involves the art of projecting oneself into the sensitivity of another (Naugrette, 2021).

However, this movement toward a shared space that embraces differences also encourages a continuous commitment to learning, supporting, and being together in a complexity composed of diverse subjectivities. This attentive dialogue between the components of this shared space calls for an environment of co-listening and coexistence that historian Achille Mbembe, in his pursuit of a diplomacy of the living, calls an “in-common,” understood as “a Whole composed of a thousand parts. Of everyone. Of all worlds” (Mbembe, 2023, p. 12).

Although the conference is open to anyone interested in the proposed topic, the Société québécoise d’études théâtrales primarily aims to bring together its members, who are typically engaged in activities centred around distinct areas (Québécois Theatre of Yesterday and Today, Theory and Criticism, Theatre and Education, and Research-Creation), around the idea of coming together, creating common ground, and fostering the emergence of a collective subject—a “we” (Astruc and Baudet, 2021) that invites a diversity of presences, fields, territories, and methodologies.

Building on our previous meetings, which explored connections and the interdependence inherent in the performing arts, this year we propose to focus on inclusive and multidimensional theatrical approaches—both practical and theoretical—that aim to open possibilities for this “in-common.” These approaches aspire to create a space for education, research, and research-creation dedicated to the “commons” (id.). Together, we will examine the traces, practices, and representations of the past, present, and future that illuminate the commitments inherent to this in-common. Collectively, we will deepen our ways of learning, supporting, and being together, with particular attention to transversal, plural, inclusive, and cross-sectoral approaches.

Sessions could, without being limited to this, focus on interregional, intercultural, or intermedial dynamics to address themes such as past and present dramaturgies, the mentoring of writing in relation to various types of dramaturgy, the diversity of stage writing, the contemporary training of performing artists and the hybridity of career paths, Indigenous creation, documentary theatre, object theatre, youth theatre, research-creation learning experiences, and the horizontal operating models of certain theatre companies, to name just a few possibilities. In line with this theme, we hope to foster cross-disciplinary, cooperative, and transversal research perspectives between the axes. To this end, we encourage presentation formats that promote knowledge about being together on a shared territory, within the in-common, offering an open space for debate that broadens our perceptions and understandings of theatrical fields where sharing, de-hierarchization of presences, and conviviality shape ways of working (Morin, 2024). Contributions may take a variety of forms, ideally combining multiple axes within a single proposal, such as a presentation or performance bringing together at least two people usually engaged in different axes, a roundtable, a workshop, a demonstration, an experimentation session, a lecture-screening, an individual presentation, and more.

The next SQET conference will be held at the Pavillon des arts at the Université du Québec à Chicoutimi. This venue brings a unique energy to this exchange, as its performing arts programs have embraced interdisciplinarity for many years while being closely connected to a particularly committed and creative professional community, which we will be engaging with.

We invite interested individuals to submit a proposal for contributions to info.sqet@gmail.com no later than January 31, 2025.

Each proposal must include:

  • Identification of one of the three relevant aspects (dramaturgy, research-creation, intersectoriality);
  • Presentation format;
  • Title;
  • Description (maximum 250 words);
  • Specific needs (if applicable);
  • Identification details and a biographical note (maximum 150 words).

Activities in English (which may take various forms) are welcome, provided they are accompanied by a bilingual summary (French/English). We prioritize proposals for in-person presentations and activities, while also allowing for the possibility of certain contributions to take place online.

Comité organisateur

Jean-Paul Quéinnec, Université du Québec à Chicoutimi

Marie-Eve Skelling Desmeules, Université du Québec à Chicoutimi

Nicole Nolette, Université de Waterloo

Hervé Guay, Université du Québec à Trois-Rivières

Claudia Blouin, Université Laval

Geneviève Bélisle, Université du Québec à Montréal

Bibliographie

Astruc, R. et Baudet, É. (2021). « Des communs à l’en-commun : quelle écopoétique? », Littérature, 201(1), 24-37, doi.org/10.3917/litt.201.0024

Béhague, E. (2019). « Dire/Ressentir les frontières sur la scène intermédiale », Intermédialités/Intermediality, 34, doi.org/10.7202/1070875ar

Bay-Cheng, S., Kattenbelt, C., Lavender, A. et Nelson, R. (2010). Mapping Intermediality in Performance, Amsterdam : Amsterdam UP.

Naugrette, F. (2021). « Le théâtre comme expérience politique du vivre-ensemble », Germinalrevuegerminal.fr/2021/11/12/le-theatre-comme-experience-politique-du-vivre-ensemble/

Mbembé, A. (2023). La communauté terrestre, Paris : La découverte.

Morin, J.-M. (2024), « Le Théâtre Rude Ingénierie : de la mise en commun à la mise en écoute », L’Extension Recherche&créationpercees.uqam.ca/fr/recit-de-pratique-article/le-theatre-rude-ingenierie-de-la-mise-en-commun-la-mise-en-ecoute