Confessions scéniques : dispositif, théâtralité et réinvention du réel

Axe Théorie et Critique

La séance explorera la place et la signification du témoignage dans les pratiques théâtrales contemporaines, en interrogeant les rapports entre dramaturgie, territoire et politique.

Arnaud Rykner propose de penser le témoignage non pas comme un signifiant de notre époque, mais plutôt comme un « “dispositif pour le théâtre”, c’est-à-dire un dispositif profondément, intrinsèquement, nécessairement théâtral. » Envisager le témoignage comme un dispositif permet non seulement de dépasser les notions d’individualité et d’intimité qui y sont rattachées, mais d’interroger sa structure pour penser autrement la représentation. Cette réflexion soulève plusieurs questions fondamentales :

● Le dispositif du témoignage est-il intrinsèquement dramatique, ou participe-t-il à l'élaboration d'une dramaturgie singulière ?
● Qu’est-ce qui fait témoignage dans le théâtre, qui se présente toujours, ou presque, comme une personne prenant la parole devant autrui ?
● Comment penser le théâtre-témoignage autrement que par le prisme de l’individualité et du rapport entre théâtralité et réel ?
● Quels dispositifs théâtraux témoignent du territoire et comment le territoire est-il (re)présenté ?

Posture de l’auteur·ice dramatique en milieux de vie pour aîné·es

Alexandre Cadieux

Réfléchissant au sort des nombreuses personnes emportées par la pandémie de COVID-19, l’essayiste Mathieu Bélisle a souligné le traitement différencié des victimes, les rapports quotidiens publiés dans les médias séparant les décès survenus dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) de ceux ayant touché la population générale. « Tout se passait comme si la vie, au-delà d’un certain âge, perdait en valeur, que les personnes malades ne comptaient pas, ou pas tout à fait », écrit-il dans Ce qui meurt en nous (Leméac, 2022 : 40). Révélatrice de la fragilité parfois extrême de certaines structures, notamment les CHSLD, et de la grande solitude vécue par bon nombre d’ainé·es, la pandémie aura exposé plutôt brutalement l’Invisibilisation continuelle de cette partie de la population, souvent délégitimée et sans voix.

Le sort des aîné·es préoccupe à tout le moins un certain nombre d’artistes en théâtre. Nous nous attarderons aujourd’hui sur trois œuvres incorporant divers éléments d’une approche documentaire et tablant sur différentes formes de dialogue intergénérationnel pour des plongées plus ou moins immersives en milieux de vie pour aîné·es : il s'agit de Tout inclus de François Grisé (2019-2021), De ta force de vivre de Marie-Ève Perron (2021) et Je viendrai moins souvent de Camille Paré-Poirier (2023). Pour chacune d’elle, nous nous demanderons qui est appelé à témoigner dans ces œuvres, et selon quelles modalités leurs témoignages ont-ils été recueillis puis retransmis. Nous analyserons également comment chaque artiste construit sa posture dans le corps même de ces textes dramatiques.

Bio : Alexandre Cadieux est actuellement responsable de la promotion des textes et de la médiation au Centre des auteurs dramatiques. Il a enseigné l'histoire du théâtre québécois, la théorie théâtrale et la critique dramatique à l'École supérieure de théâtre de l'Université du Québec à Montréal et au département de théâtre de l'Université d'Ottawa. Critique et chroniqueur dans les pages du quotidien Le Devoir de 2006 à 2017, il a également été membre du comité de rédaction de la revue Jeu durant de nombreuses années. Il a longtemps œuvré comme animateur, médiateur et concepteur pour le Théâtre de la Ligue Nationale d'Improvisation et l'organisme Les Voyagements - Théâtre de création en tournée. Il a également agi à titre d'aide-bibliothécaire à l'École nationale de théâtre du Canada.

Conférence-discussion

avec Marilou Guay-Deschênes et Dario Larouche

Bio : Originaire d’Alma, Marilou Guay-Deschênes a étudié en théâtre au Bac Interdisciplinaire en Arts de l’UQAC et au Cégep de Limoilou. Elle travaille comme comédienne pour diverses compagnies de théâtre et au sein de l’organisme Clowns Thérapeutiques Saguenay. En plus d’être formatrice, auteure et metteure en scène pour la troupe les En-Tête-T et médiatrice culturelle pour (presque) toutes les compagnies de théâtre, Marilou est cofondatrice et membre du collectif de création Baba Yaga. Elle s’est récemment tournée vers ses propres créations avec le projet Passion à la Bleuetière et le spectacle Celles que je porte, présenté en janvier 2025 à La Rubrique.

Diplômé du BIA (théâtre) et de la maîtrise en création (UQAC), Dario Larouche carbure aux projets et aux défis. Il a écrit une quinzaine de pièces dont deux sont publiées chez Somme Toute ainsi que de nombreux articles pour diverses publications. Metteur en scène prolifique, il a signé plus de quatre-vingts spectacles au cours des 25 dernières années. Gestionnaire d'expérience, il dirige depuis 2007 le Théâtre 100 Masques, depuis 2024 le Théâtre Les Amis de Chiffon en plus de collaborer, entre autres, avec le Théâtre Mic-Mac, la Société d’arts lyriques du Royaume et l’UQAC, où il est un chargé de cours régulier