6/6/24
10:30 - 12:00 HNE

Séances parallèles III - Communications

Local : CSL-3788

Modération : Juliette Meulle (U. Paris 8)

Guillaume Dupetit (U. Eiffel)
De l’écoute à la spéculation sonore : vers un nouveau rapport au monde

Erika Leblanc-Belval (UQAM)
Le pistage sonore comme manière de mesurer l’engagement du spectatorat

Katya Montaignac (UQAM)
Aiguiser l’attention

 

 

Détails et descriptif de l'événement

Guillaume Dupetit

De l’écoute à la spéculation sonore : vers un nouveau rapport au monde

En cherchant à proposer un rapport au monde plus sensoriel, incarné et immersif au-delà de nos habitudes de représentation, nous centrerons cette communication sur l'écoute environnementale et les fictions soniques, comme une nouvelle façon de percevoir et d'explorer notre relation avec l’environnement par l’écoute et la création sonore. L’écoute environnementale incite à porter attention sur des éléments enfouis, parfois perdus dans la complexité des paysages sonores urbains et pose le défi de retrouver ces informations que notre audition peut décoder de notre environnement auditif. Le projet que nous présenterons au cours de cette communication est constitué de plusieurs étapes successives mettant en dialogue recherche, création et enseignement. 

Au cours d’une balade sensible sur le thème de "la ville trop chaude”, nous avons collecté des matériaux sonores ainsi que des réflexions des participants témoignant de leurs sensations dans les environnements traversés. Ces matériaux nous ont permis de mettre en relation expérience corporelle, ressenti intuitif mais aussi codification culturelle autour des questions écologiques. Les enregistrements ont ensuite été traités et scénarisés avec des étudiants en arts et design sonores afin de créer de nouveau paysages sonores et d’établir un dialogue entre la perception du paysage actuel et des spéculations sonores imaginées. Ces fictions soniques, telles que l’on peut alors les appeler, pourront enfin être utilisées pour servir de support à de prochaines balades et manifestations sonores performatives visant à transformer notre perception de l'espace et de la réalité, par des expériences sonores centrées sur un discours entre écologie, fiction et perception.

Bio : Guillaume Dupetit est enseignant-chercheur à l'université Gustave Eiffel, responsable de la licence Musique et Métiers du Son. Ses recherches actuelles portent sur les liens entre musique, technologies et univers (science) fictionnels, c'est ainsi qu'il intègre le programme de recherche pluridisciplinaire PARVIS (Paroles de Villes - imaginaires futuristes urbains) en 2019. Depuis, il travaille sur la notion de fictions soniques tant dans une perspective de recherche que de création.

Erika leblanc Belval 

Le pistage sonore comme manière de mesurer l’engagement du spectatorat 

S’inscrivant à la suite de mon article « Marcher avec Okinum » publié dans le cahier ReMix « De la possibilité de nos cohabitations » (2022), je propose de réfléchir l’expérience d’écoute des adaptations théâtrales des deux pièces en baladodiffusion comme une manière d’entrer en interrelation avec le vivant, et, plus largement, avec l’autre-qu’humain. Cette réflexion aura fait l’objet du troisième chapitre de mon mémoire Expérience spectatorielle, de lecture et d’écoute des pièces J’aime Hydro (2019) de Christine Beaulieu et Okinum (2020) d’Émilie Monnet. À la manière d’un laboratoire, je souhaite présenter les résultats de ma recherche, mais surtout mettre en lumière la démarche réflexive que j’ai utilisé dans le cadre de mon mémoire. En effet, afin d’étudier la notion immersive du balado (Cyr, 2015, 2018, 2020) et afin de penser l’engagement du spectatorat (Aventin, 2015), j’ai réalisé des écoutes des pièces en format balado dans différents milieux et j’ai rédigé des journaux d’écoute pour mesurer mon engagement à la fois physique, cognitif et émotionnel des œuvres dans une approche autoethnographique (Ellis et Bochner, 2011; Rondeau, 2011; Fortin et Houssa; 2012, Cyr, 2015). Des fragments de ces journaux d’écoute s’entrelacent à ma recherche théorique. En adoptant une posture interprétative somesthésique (Shusterman et Rollet, 2011 ; Cyr, 2018, 2020), je place mon corps au seuil de l’œuvre et du monde. Cette méthode que j’appelle « pistage sonore » (Leblanc-Belval, 2022) est inspirée des travaux de Baptiste Morizot (2018, 2020), de Claire Piché en écologie sonore et en ambiophonie (2007, 2009), des soundwalks d’Hilder Westerkamp (2006) et des recherches en dramaturgies sonores de Jean-Paul Quéinnec (2018, 2019) Plus largement, je me pencherai sur la façon dont les pièces abordent des enjeux environnementaux grâce aux recherches de Julie Sermon (2017, 2018 et 2019).

Bio : Erika Leblanc-Belval est candidate à la maîtrise en études littéraires à l'Université du Québec à Montréal. Son projet de mémoire, sous la direction de Catherine Cyr, porte sur l'expérience spectatorielle, de lecture et d'écoute des pièces J'aime Hydro de Christine Beaulieu et Okinum d'Émilie Monnet. Elle est membre-chercheuse du groupe de recherche Réécrire la forêt boréale. Pratiques collaboratives et spéculatives entre littéraires et écologistes (UQAM-UQAT), dirigé par Jonathan Hope, en collaboration avec Catherine Cyr, Cassie Bérard, Miguel Montoro Girona et Guillaume Grosbois. Elle a également participé au groupe de recherche Approches écopoétiques des dramaturgies contemporaines, piloté par Catherine Cyr, au sein duquel elle a travaillé sur l’expérience d’écoute et sur le paysage sonore de la baladodiffusion de la pièce Okinum de l’artiste multidisciplinaire anishnaabe et française, Émilie Monnet.

Katya Montaignac

Aiguiser l'attention

Bio : Artiste en danse et dramaturge installée à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal, Katya Montaignac crée des « objets dansants non identifiés ». Jeux chorégraphiques, spectacles participatifs, séminaires in(ter)disciplinaires ou banquets performatifs, son travail suscite des collaborations inattendues à travers la mise en jeu d’une diversité de corps et de voix. Riche de nombreuses expériences collectives, notamment avec La 2e Porte à Gauche et avec La Pieuvre (groupe de réflexion tentaculaire sur l’évaluation de l’art·iste), sa démarche s’inscrit dans une pratique de l’invitation et du dialogue. Elle s’intéresse particulièrement aux corps micropolitiques, à une danse sans ego, aux pratiques radicalement déhiérarchiques, collectives et bienveillantes. Docteure en études et pratiques des arts, elle enseigne et écrit sur la danse (De la glorieuse fragilité : l’Abécédaire ; Tribunes sur la danse ; Curieux manuel de dramaturgie…) et anime des conversations au sein du milieu professionnel (Cultiver son jardin chorégraphique, Chorégraphes anonymes, Club de dramaturgie…).

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