6/7/24
10:30 - 12:00 HNE

Séances parallèles V - Communications

Local : Studio 1 – LANTISS (CSL-3655)

Modération : Brigitte Joinnault (U. Côte d’Azur)

Emma Merabet (U. Lumière Lyon 2)
Au temps des métamorphoses : danser et panser les abîmes du monde

Julie Andrée T. (UQAM)
Le corps-dépaysage, bithématisme et coprésence

Valérie Paquet (UQAM)
Les écoféminismes dans les pratiques créatives : penser la réciprocité à travers les savoirs incarnés

 

Détails et descriptif de l'événement

Emma Merabet

Au temps des métamorphoses : danser et panser les abîmes du monde

Dans Métamorphoses (2020), Emanuele Coccia pense l’intégralité des formes de vie au prisme de la métamorphose, qu’il envisage à la fois comme un phénomène et comme une relation unissant entre eux tous les êtres, tous les règnes et toutes les espèces, mais aussi le vivant et le non-vivant. Au cœur du travail chorégraphique de Vania Vaneau, cet art de la métamorphose permet de composer des corps chimériques et interspécifiques que la danseuse imagine pouvoir se connecter à des mondes plus-qu’humains. En étudiant son solo Nebula (2021) – à la fois danse de l’attention, fiction de régénération et rituel de guérison – j’interrogerai la manière dont les gestes et les imaginaires de la métamorphose peuvent s’offrir, à l’ère de la crise écologique, comme de possibles embrayeurs d’action et de transformation.

Bio : Emma Merabet est doctorante en arts de la scène et enseigne à l’Université de Franche-Comté. Ses recherches interrogent les formes scéniques où l’humain n’est plus au centre des attentions et où les éléments non-humains (matières, objets, animaux, machines, phénomènes naturels...) deviennent des présences et des agents à part entière. Membre du Laboratoire Passages XX-XXI (Lyon), elle collabore à l’axe de recherche « Arts et humanités environnementales » coordonné par Julie Sermon. Son implication au sein de ce groupe interdisciplinaire l’amène à s’associer à des chercheur·euses en sciences humaines et sociales pour penser les expériences artistiques au prisme de la crise écologique.

Julie Andrée T.

Le corps-dépaysage, bithématisme et coprésence

Le dépaysage se comprend d’abord comme la défaillance du paysage et des codes esthétiques qui s’y rattachent. L’expérience qui en découle, le dépaysement, consiste en un déplacement de nos repères, en une rupture avec un territoire connu. Sous la plume de Jean-Clarence Lambert artisan de ce néologisme dans les années 50, les dépaysages sont « des morceaux de nature insituables ». Par conséquent, je propose une communication sous la forme d’une performance-conférence qui explore la notion de corps-dépaysage à travers les œuvres d’Étienne Boulanger, Annie Baillargeon et moi- même Julie Andrée T. Ici, nous verrons qu’un corps autre émerge grâce à une forme de coprésence entre paysages et corps. Ces rencontres improbables provoquent une variété de dynamiques dialogiques : politiques, poétiques, critiques, etc. De ces corps-dépaysages, nous observerons des résonances esthétiques qui rappellent le sublime d’Edmund Burke (1729-1797) et l’expérience qui en découle le « delight ».

Bio : Membre de la CÉLAT et Doctorante en Études et Pratiques des arts de l’UQAM, Julie Andrée T. c’est vu octroyer en 2023 des bourses du CRSH et du FRQSC pour son projet de recherche Esthétique du dépaysage ou la défaillance du paysage. Commissaire d’exposition, reconnue à l’international comme artiste interdisciplinaire, elle travaille de 2008 à 2011, à la School of Museum of Fine Arts de Boston comme professeure invitée en art performance. En 2018, elle complète, à l’UQAC, une maîtrise recherche-création en art qui portera sur les thèmes de la mort, du paysage et du sublime. En 2020, à Saint-Siméon (Charlevoix-Est), elle co-fonde le Centre Inouï dont la mission est de faire connaître l’art actuel à travers le patrimoine. Enfin, depuis plusieurs années, elle collabore aux recherches de monsieur Jean-Paul Quéinnec et est chargée de cours à l’Unité d’enseignement en arts de l’UQAC. 

Valérie Paquet  

Les écoféminismes dans les pratiques créatives : penser la réciprocité à travers les savoirs  incarnés  

Cette communication vise à articuler pratiques artistiques et réflexions écologiques à travers la  revendication de l'existence d'une sensibilité écoféministe par une communauté de femmes  artistes au Québec. Cette communauté émergente place au cœur de ses préoccupations la centralité du corps-territoire, les savoirs traditionnels ainsi que les pratiques du soin, en  positionnant le corps comme « réservoir de savoir-faire » (Federici, 2020). Le corps est ainsi un «  corps médial », au sens mésologique, comme le lien vital qui lie l’être à son environnement, un  espace poreux, qui le situe à la fois dans son milieu et qui lui permet d’interagir avec lui. Ainsi, le  « corps médial » est central pour décloisonner nos perceptions, notamment dans les possibilités  qu’il offre d’être le seuil entre les savoirs incarnés et les possibilités de transfert des connaissances  par les expériences sensibles et les relations entre sujets humains – et davantage avec les sujets  « extra-humains ». 

Cette proposition interdisciplinaire prend son ancrage dans le domaine de la communication  environnementale, et tente de saisir comment les pratiques artistiques, mobilisant une sensibilité  écoféministe, créent les possibilités d'un « artivisme » qui apparait à travers le soin de la matière,  comme le soin du monde naturel. À travers le portrait de plusieurs femmes artistes, de la danse à  la cueillette performative, cette communication dévoilera des voix et des pratiques qui brouillent les frontières et refusent une hiérarchisation des pratiques créatives. Ces artistes proposent une  réflexion sensible sur notre relation aux différentes formes du vivant et transforment nos possibilités de réciprocité.  

Bio : Valérie Paquet est doctorante en communication, avec une concentration en études féministes, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) où elle est également chargée de cours. Son travail doctoral s’inscrit dans le champ des études en communication environnementale et privilégie une approche de proximité dans laquelle les expériences sensibles sont abordées comme des sites de dévoilement des connaissances. Elle a récemment publié un rapport de recherche avec ARTENSO sur le lien entre pratiques artistiques et transition socioécologique dans la Francophonie (2021). Elle est actuellement chercheuse à l’Observatoire des médiations culturelles (OMEC) et membre de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’UQAM.

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