Arts vivants, écologie et politique : fabriques d’un nouveau relationnel
Colloque annuel de la Société québécoise des études théâtrales (SQET)
5-7 juin 2024
Université Laval (Québec)
Programme
« Nous sommes tous une seule et même vie » avance le philosophe Emanuele Coccia dans un entretien accordé à Nicolas Truong (2023, p. 23), rappelant que ce n’est qu’en reconnaissant que tous les êtres vivants, quelle que soit leur espèce, participent de cette vie commune qui n’a de cesse de « produire des formes différentes sans changer sa substance » (Id.), qu’une véritable « politique planétaire et écologique peut être fondée » (Id.). Cette reconnaissance d’un rapport inséparé, inextricable et poreux avec les diverses composantes des milieux que nous habitons – et qui, eux-mêmes, nous habitent et nous traversent – trouve fortement écho dans la pensée de nombre de philosophes mais aussi d’auteurs, d’autrices et d’artistes de la contemporanéité qui, de diverses façons, mettent à mal la division héritée des Lumières entre « nature » et « culture », entre humain et autre qu’humain. Pour plusieurs, cet ébranlement des séparations usuelles, noué à une reconfiguration des rapports interspécifiques et à un déplacement de nos modalités attentionnelles, participe d’un agir politique (Despret, 2019; Morizot, 2020; Macé, 2022). Mettre en œuvre cette délocalisation et cette réinvention revient ainsi, chez Maylis de Kerangal et Vinciane Despret, notamment, à « fabrique[r] de nouveaux récits » (2020, p.17). Ces élaborations – textes, discours, œuvres et pratiques artistiques mais aussi postures attentionnelles et « styles de vie » (Macé) – mettent en marche des façons de reconsidérer et de métamorphoser ce qui, du monde vivant et de nos environnements partagés, est pris en compte.
Ce colloque vise à réfléchir aux modalités de création, d’analyse et de réception des œuvres ou des démarches qui, en arts vivants, mobilisent diverses « politiques d’interdépendance » (Morizot, 2020) ou de coprésence avec/dans l’environnement. Les sujets abordés touchent aux aspects théoriques, pratiques, méthodologiques, esthétiques et éthiques liés au maillage des arts vivants, de l’écologie et du politique. Cet événement rassemblera plus d’une cinquantaine de participant·es d’une grande diversité, issus autant du champ universitaire et collégial (professeur·es, chargé·es de cours, étudiant·es de 2e et 3e cycle, post-doctorant·es) que du milieu professionnel (artistes), et provenant de différents pays (Canada, France, Norvège, Allemagne, Brésil, Argentine…). De même, ce colloque donnera une place importante aux œuvres et aux pratiques de chercheur·es et artistes de plusieurs peuples autochtones (Atikamekw, Innu, Sami).
Qu’elles mobilisent des cohabitations imaginées – le texte comme espace de connectivités inventées ou resémiotisées – ou effectives – la scène partagée avec d’autres matérialités –, les communications, performances et démonstrations proposées chercheront à interroger ce que nous appelons les « fabriques d’un nouveau relationnel ».
Comité organisateur
Carole Nadeau
Département de littérature, théâtre et cinéma, Université Laval
Catherine Cyr
Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal
Jean-Paul Quéinnec
Département des arts, des lettres et du langage, Université du Québec à Chicoutimi
Véronique Basile Hébert
Département de lettres et communications sociales, Université du Québec à Trois-Rivières
Claudia Blouin
Département de littérature, théâtre et cinéma, Université Laval
Ce colloque a été rendu possible grâce à l’appui du Département de théâtre de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval, du LANTISS de l’Université Laval, du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture au Québec (CRILCQ), du Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT) et de Figura, Centre de recherche sur les théories et les pratiques de l’imaginaire